Du voyage dans le temps à la question de la propriété intellectuelle : le GKND, c’est vraiment de la science-fiction !
Le mot est lâché : le 4e tome du Geektionnerd nous entraîne dans une aventure exceptionnelle. Au programme : voyage dans le temps over-clocké, redémarrage de systèmes totalitaires, et compilation de piques sur les brevets et la propriété intellectuelle.
Depuis 3 ans qu’il tient le blog geektionnerd.net, Gee a eu le temps d’affiner sa plume. Sur son site, Geektionnerd.net, il alterne des planches de courtes définitions, et les longs récits publiés dans la collection Framabook. Cette 4e histoire est forte de cette expérience. Les références geeks sont présentes et pointues, tout en restant accessibles pour l’internaute lambda. Trouvant un bel équilibre entre narration et humour, le récit de Gee sort ses héros de leur quotidien, et séduit par son audace. Une BD libre à lire pour réfléchir, pour rire et pour le plaisir.
Licence : Creative Commons By Sa
Prix : 12 EUR
ISBN : 978-2-9539187-8-6
Première édition : Novembre 2012, Framasoft
Format : 210 x 270 mm
Nombre de pages : 44
Le format des articles de blog ne permettant pas un développement approfondi de ces personnages, Simon Giraudot a décidé de livrer page par page les planches qui formèrent petit à petit la série GKND, encouragé par les commentaires de ses lecteurs.
Interview de l’auteur
Par Pouhiou
Dans les tomes précédents, tu dépeignais la vie quotidienne de tes personnages (journée type, vacances au ski, aller voir une conférence, etc…) Pour ce 4e tome, on peut dire que tu les as sorti de l’ordinaire ! Comment cela s’est fait ?
C’est une histoire que j’avais en tête depuis pas mal de temps, ça a même failli être celle du tome 2. Et puis finalement, j’ai préféré faire quelques histoires plus simples et classiques avant, histoire de bien poser le décor et de me faire la main : j’avais un peu peur de me lancer dans une histoire qui insisterait trop sur l’aspect « aventure » et qui passerait à côté de l’humour, qui est quand même le but principal de la série. Finalement, ça c’est avéré moins compliqué que ce que je pensais. Le fait de pouvoir inventer n’importe quoi (puisqu’on est dans un futur forcément hypothétique) m’a en fait aidé à raconter encore plus de bêtises que dans les autres tomes… Vive la SF !
Sans rien spoiler, l’avenir que tu anticipes n’est pas franchement tout rose… D’où te vient ce pessimisme ?
Je n’appellerais pas cela du pessimisme mais du réalisme (mais là, je me rends compte que cette phrase est typiquement pessimiste alors tu as peut-être raison). Bon, j’ai un peu forcé le trait, mais ce futur, c’est un peu celui qu’on craint tous dans le milieu du libre (et peut-être en dehors aussi). On a l’impression de n’avoir aucun pouvoir sur la direction que prennent nos pays, nos continents, notre monde… Ce n’est pas juste une histoire de crise, tout le monde sent qu’il n’y a plus rien à attendre de nos politiciens qui ont soldé depuis longtemps tous leurs pouvoirs à des organisations mondialisée incontrôlables et intouchables, et en même temps personne ne sait vraiment quoi faire pour nous sortir de là (on s’indigne, on occupe Wall Street, et puis après ? Quoi ? Qu’est-ce qu’on fait ?).
Le mouvement du libre (logiciel et culture) est d’ailleurs un des rares domaines qui nous donne un peu d’espoir, parce qu’on a vraiment l’impression de pouvoir faire changer les choses, même si c’est long et compliqué. Mais même là, on a parfois l’impression de lutter contre des moulins à vent… On a réussi à faire enterrer ACTA par exemple, mais est-ce que ça va vraiment changer quelque chose ? Les lobbies du showbiz feront pousser 15 autres traités du même type, il y aura toujours un moyen de nous faire avaler ce qu’on ne veut pas.
Voilà, le pessimisme ici, c’est l’impression d’être embarqué dans une grande machine à broyer tout ce qui était positif dans notre société occidentale (libertés individuelles, démocratie, etc.), et de ne pas avoir la moindre idée de comment l’arrêter… Surtout que l’état d’esprit général est plutôt à l’apathie, il n’y a même pas d’esprit de révolte qui plane, juste une espèce de résignation sourde : « espérons juste que ça ne se dégrade pas trop vite pour qu’on profite quand même de tout ça tant que ça tient encore ».
Pour autant, traiter de tels sujets (libertés individuelles, etc…) rend-il ce tome plus “militant” que les précédents ?
Peut-être. Le tome 3 était déjà engagé à sa manière en faisant l’opposition entre les logiciels libres et privateurs. Le tome 4 étend cet engagement à la problématique libre/privateur globale (culture, communications, etc.). Un peu comme Framasoft qui a commencé comme un annuaire de logiciel libre et qui est devenu au fil du temps généraliste sur le libre.
Mais je n’ai pas pour autant l’impression de faire de la BD engagée. J’ai des convictions assez fortes dans certains domaines, cela se ressent sans aucun doute sur les écrits. Je n’ai pas la prétention de faire du militantisme, mais une éventuelle neutralité de ton serait forcée, donc j’écris comme ça vient.
Allez, dis-nous : ton personnage va-t-il enfin séduire la Geekette dans cette histoire ?
Aaaah je ne veux pas spoiler ! La question est d’ailleurs complexe, puisque le livre met en scène deux versions du même univers — le présent et le futur — et rien ne dit que les personnages ont les mêmes relations à ces deux moments distincts… Mais ce qui est sûr, c’est que les deux personnages ne se verront plus de la même manière après cet épisode !